Les méthodes de bien-être font partie des pratiques non conventionnelles, c’est-à-dire non encadrées par l’Etat. De fait, chacun affirme ce qu’il veut sur sa méthode. Et ce, sans vérification possible pour le grand public sur la réalité des promesses. A une époque où beaucoup cherchent un apaisement face à l’incertitude de l’avenir, ils se tournent vers ces méthodes qui apaisent corps et esprit. De fait, la perspective d’un business florissant incite beaucoup à vendre un eldorado, au détriment de l’éthique naturelle humaine. Alors, quelle éthique dans la santé pour les pratiques non conventionnelles ? Nous nous pencherons uniquement sur notre domaine : les méthodes non conventionnelles, de bien-être naturel.
Santé médicale et santé non médicale
L’Organisation Mondiale de la Santé classifie la santé humaine en 2 volets :
- La dimension médicale,
- La dimension non médicale.
Le volet médical inclut les pratiques de soins, de traitement de symptômes et des maladies. Ce sont la médecine conventionnelle, ainsi que la médecine non conventionnelle.
La dimension non médicale relève des pratiques de bien-être. Celles-ci mènent à l’épanouissement personnel ou à la réalisation de soi. Néanmoins, elles passent aussi par l’arrêt de la détresse psychologique réactionnelle (émotionnelle). Un rapport public français de 2009 explique bien cela et reprend la classification de l’OMS. Il est en libre téléchargement sur le site de la documentation française.
Cependant, ce rapport de qualité ne sensibilise pas sur la nécessité de l’éthique dans la santé. L’on assiste aussi à la démarche inverse, malheureusement. En effet, certaines autorités dénoncent toutes les pratiques hors médecine conventionnelle pour leur manque d’éthique dans la santé. Pourquoi ne pas faire le tri pour garder ce qui fonctionne et est sain, et exclure le reste ?
Santé non médicale : une demande en hausse
Aujourd’hui, 60% de la population française est à la recherche d’une solution pour apaiser le corps et le mental.
- Se sentir mal dans sa peau,
- avoir de l’anxiété face à l’avenir,
- chercher le sens de sa vie (jusqu’à se sentir en détresse morale si on ne le trouve pas),
- et donc chercher du bien-être,
ne relèvent pas de la maladie. Et donc ne peuvent pas être traités via la médecine conventionnelle. C’est la raison pour laquelle ces 60% se tournent vers le domaine non conventionnel.
Absence d'éthique dans la santé : les dérives
Face aux maux exposés, certaines pratiques de santé proposent des substitutions à la médecine conventionnelle. Ce sont aussi bien des médecines douces ou non conventionnelles, que des méthodes de bien-être. De plus, certaines engendrent des dérives thérapeutiques importantes. A quoi est dû ce manque d’éthique dans la santé ?
L’origine des dérives dans la santé
Comment comprenons-nous l’origine de ces abus ?
Force est de constater qu’aucun cadre n’est défini pour ces méthodes de bien-être global, du mental et du physique.
Pire, à bien le lire, le code de la santé publique ne définit que l’encadrement médical pour ce qui relève de la santé. En effet, la France reconnaît l’existence de la médecine, mais ne confère aucun espace, officiellement, au bien-être. Y compris pour ce qui relève de la prévention de la santé. De fait, les autorités classent le cadre non médical, ou bien-être, de force dans la case des médecines – douces, alternatives, non conventionnelles.
Etant donné que la population réclame grandement ces pratiques, une économie s’est naturellement développée autour du bien-être. Relevant de la santé, les mutuelles et les assurances en sont aussi acteurs. Mais sans case prévue à cet effet, elles ne peuvent que classer les professionnels de la santé non médicale dans la case des médecines non conventionnelles.
Il n’est donc pas surprenant que certains se prennent pour des médecins et se livrent à de telles dérives. Loin de toute éthique dans la santé.
Une demande officielle restée sans réponse
Pourtant, dès 2011, la Fédération Française de Reiki Traditionnel adressait au Ministère de la Santé une demande. En effet, celui-ci avait lancé un appel sur son site internet pour répertorier les pratiques non conventionnelles. La FFRT souhaitait sensibiliser les autorités sur la nécessité de définir, pour le non conventionnel, une case médicale et une case non médicale. Elle ajoutait que la pratique du Reiki Traditionnel, souvent sujette à des déviations new age, relevait de la case non médicale, non conventionnelle. Elle souhaitait qu’officiellement, une éthique dans la santé, avec le Reiki, commence à être instaurée. Cette demande est restée sans réponse.
Pourtant, la Miviludes a répertorié plus de 400 pratiques non conventionnelles. On peut même partir du principe, en ajoutant les pratiques non répertoriées, qu’elles s’élèvent certainement à 800.
Les enjeux de l’éthique dans la santé
Il y a donc urgence à agir pour l’éthique dans la santé. Non pas en tapant sur toutes les méthodes de bien-être. Cela est malheureusement et souvent le cas. On les met alors toutes dans le même panier, sans chercher à comprendre tenants et aboutissants. Puis on crie haut et fort en agitant le drapeau des dérives sectaires dans la santé. Je constate en cabinet qu’au final, à force de faire peur à tout va, cela fragilise, aux yeux du grand public demandeur de bien-être, la crédibilité de certaines instances représentatives. Mais aussi celle de la médecine conventionnelle !
En effet, le grand public, utilisateur de ces méthodes, sait bien que si certaines sont des arnaques, d’autres sont tout à fait sérieuses et efficaces. Les gens sont loin d’être stupides…
Une solution d'éthique déjà en place : le reiki de la FFRT
Il faudrait mener ces pratiques à mettre en place une éthique dans la santé. Pour cela, à leur demander de se structurer, et surtout, de démontrer ce qu’elles prétendent.
La source scientifique de la méthode
Cela commence par le fondement de la méthode proposée. Celle-ci doit être basée sur une démarche de démonstration scientifique, et non sur des affirmations invérifiables. Souvent d’ailleurs, c’est plus le placebo que la méthode elle-même qui fonctionne. On le sait bien, le placebo fonctionne si on y croit, et en plus, il n’est pas pérenne. En effet, le placebo ne relève que du conditionnement de la personne qui croie à la méthode. Si la personne n’y croit plus, la méthode ne fonctionne plus !
Un point important : on ne doit pas se borner à la science française. Il faut une ouverture d'esprit et regarder ce qui a été valider dans d'autres pays, même s'ils n'ont pas la même démarche scientifique que nous.
Les cursus de formation professionnelle
Cela continue avec les cursus de formation. En effet, ces cursus doivent présenter des référentiels de compétences métier vérifiés. Mais aussi prouver que les personnes issues de ces écoles sortent avec un vrai métier.
Ensuite, il faut protéger la délivrance des titres. Car dans le non conventionnel, et contrairement aux médecins, par exemple, chacun est libre de mettre sa plaque :
- sans jamais avoir suivi ledit cursus
- en ayant suivi une partie du cursus, sans le terminer
- ou en ayant terminé le cursus, sans se faire sanctionner sur ses connaissances.
Suivre les professionnels en exercice
Puis cela finit avec le suivi des professionnels, qui doit donner un cadre d’éthique dans la santé non médicale. En effet, même une fois certifiés, ceux-ci devraient pouvoir se placer sous la formation continue. Or, il n’en est rien. En effet, beaucoup courent après leur certificat ou diplôme. Puis, une fois celui-ci en poche, oublient tous les protocoles et les gestes appris.
Comme lorsqu’on respecte bien le feu orange le jour où l’on passe le permis de conduire, devant l’examinateur. Puis une fois le permis en poche et que l’on est devenu maître au volant, on oublie toutes les règles de précaution apprises…
Le non conventionnel ne prévoit aucun suivi des professionnels à leur compte. Cela permet ces attitudes irresponsables. En un mot, il suffit d’un bout de papier pour que beaucoup se la pètent et se croient arrivés, au lieu de se dire que c’est maintenant, que l’on est lâché sur le terrain, que tout commence vraiment et qu’il rester vigilant. Car lorsque l’on propose des prestations, on est responsable de ce que l’on déclenche chez l’autre. Plus qu’une éthique dans la santé, c’est une éthique naturelle humaine, avec le respect de l’autre qui n’est pas un joujou que l’on peut casser, en jouant à l’apprenti sorcier.
Finalement, chacun doit avoir une démarche altruiste et proposer sa pratique avec la compréhension que nul ne peut tout savoir. Surtout lorsque l’on sait que la science humaine n’a eu de cesse d’évoluer depuis ses débuts ! Et qu’il vaut mieux accepter de se placer dans un process d’amélioration continue et d’évaluation continue. Tel un organisme certificateur, qui sert de garde-fou.